
La fin des réseaux mobiles 2G et 3G en France marque une étape majeure dans l'évolution des télécommunications. Alors que les opérateurs se tournent vers la 4G et la 5G pour offrir des performances accrues, de nombreux utilisateurs et entreprises doivent se préparer à cette transition.
Découvrez les enjeux, les impacts et les étapes clés de cette (r)évolution technologique.
Pourquoi la 2G et la 3G disparaissent-elles ?
C'est la fin d'une ère, démarrée il y a plus de de 30 ans. En effet, la 2G est le premier réseau de téléphonie mobile, apparue en France en 1982. Il représente l'évolution de l'analogique vers le numérique et a permis l'essor des SMS. La 3G, de son côté, fait son apparition en 2004, marquant l'avènement de l'Internet mobile avec le haut débit mobile.
Mais la plupart d'entre nous ont presque oublié ces deux générations de téléphonie mobile, pour la simple et bonne raison qu'elles ne servent plus trop et qu'elles ont été supplantées.
Par la 4G tout d'abord. Commercialisée depuis 2012, elle fait basculer la téléphonie mobile dans l'ère du très haut mobile avec l'apparition des premiers smartphones. Quant à la 5G, lancée à la fin de l'année 2020, elle nous fait rentrer dans le monde de l'internet des objets.
Les limites technologiques des anciens réseaux 2G et 3G
La 2G et la 3G ont déjà fait l'objet de nombreuses mises à jour pour augmenter leur durée de vie et tirer le meilleur parti de leur infrastructure. Mais les opérateurs disposent chacun d'une spectre limité de radiofréquences auxquelles ils peuvent dédier leurs réseaux. Or les besoins en connectivité augmentent chaque année, obligeant les opérateurs à utiliser intelligemment les ressources dont ils disposent.
L'heure est donc à une rationalisation des réseaux et l’arrêt de la 2G et de la 3G va dans ce sens. Il s’inscrit dans un mouvement mondial visant à apporter les évolutions nécessaires aux réseaux.
Selon la Fédération Française des Télécoms, qui a publié une FAQ sur le sujet, il n’est plus possible d'empiler les technologies, tant du point de vue de la modernisation des réseaux, de la sécurisation des données ou de l’efficacité environnementale. En outre, toujours selon la Fédération Française des Télécoms (FFT), le maintien de la 2G et de la 3G se heurterait à la raréfaction des compétences des équipes techniques dans l'entretien de "réseaux obsolètes".
Une redistribution des fréquences pour la 4G et la 5G
Avec l'arrêt de la 2G et de la 3G, les dernières technologies cellulaires vont pouvoir utiliser ces mêmes bandes de fréquences pour offrir un débit de données plus élevé et des fonctionnalités plus intéressantes.
En France, les réseaux 2G et 3G, basés sur les technologies GSM et UMTS, utilisent les fréquences basses dans les bandes 900 MHz, 1800 MHz et 2100 MHz. En réutilisant les fréquences de la 2G, puis de la 3G, les opérateurs vont pouvoir améliorer la connectivité globale de leur réseau 4G et 5G et optimiser l'utilisation de leur portefeuille de fréquences, afin d'offrir à leurs utilisateurs un débit de données plus élevé et des fonctionnalités plus intéressantes.
"Sans une optimisation des fréquences radio, nous risquons d’être rapidement confrontés à un problème de capacité des réseaux mobiles qui ne pourraient plus assurer une connectivité de qualité", assure Orange.
En effet, assure la Fédération Française des Télécoms, maintenir et conserver les technologies 2G et 3G empêcherait ''la libération de ressources fréquentielles en faveur de technologies plus avancées et moins énergivores telles que la 4G, 5G, et les technologies IoT cellulaires LTE-M/NBIoT''. La FFT souligne même que l'arrêt de ces anciens réseaux "permettra d’augmenter la qualité de couverture" des réseaux plus récents, citant "la réutilisation des fréquences 900 MHz utilisées aujourd’hui en 2G/3G pour les migrer vers la 4G ou la 5G".
Deux réseaux qui offrent aujourd'hui une excellente couverture mobile. 99% de la population est par exemple couverte en 4G. Et la couverture surfacique varie de 92 à 95% selon les opérateurs.
La 4G et la 5G : deux réseaux moins énergivores
C'est un autre argument brandi la FFT : dans une étude commandée par la FFT et rendue publique en 2020, il apparaît que la 2G consomme 37 kWh/Go, la 3G : 2,9 kWh/Go, la 4G : 0,6 kWh/Go, et la 5G : 0,06 kWh/Go. Il suffit de faire un rapide calcul pour se rendre compte que la 5G consomme plus de 600 fois moins d'énergie que la 2G.
En outre, il ressort du comité d'experts mis en place par l'Arcep (2023) que les réseaux 2G et 3G portent une part non négligeable de la consommation électrique des réseaux. Le poids énergétique des réseaux 2G et 3G se situe aujourd’hui aux environs de 17%. Or, toujours selon l'Arcep, le trafic de données mobiles transitant en 2G/3G ne représente que moins de 4% du trafic total de données mobiles à date (2023).
Enfin, conclut le comité d'experts, les réseaux 2G et 3G sont majoritairement utilisés pour les services voix et machine to machine qui sont en décroissance sur ces technologies, au profit de la 4G/5G.
D’un point de vue de l’efficacité énergétique des réseaux, il est donc préférable de migrer complètement vers la 4G/5G.
Mais la fin des réseaux 2G et 3G pose encore une autre question. D’un point de vue impact carbone, la migration vers la 4G/5G va provoquer le remplacement anticipé de certains terminaux fonctionnant exclusivement en 2G-3G, comme les téléphones mobiles basiques ou les objets connectés qui font partie de l'internet des objets (M2M/IoT).
Pour y répondre, l'Arcep a aussi commandé une étude pour évoluer l'impact carbone de l'arrêt des réseaux 2G-3G et la migration de leurs services vers la 4G/5G.
Or cette étude montre que le point d'équilibre entre impact carbone positif réseaux et impact carbone négatif de ces terminaux est atteint en moins de 6 mois. Dès la première année après l’extinction 2G-3G, l’étude montre donc un gain récurrent sur les émissions carbone.
Pour le réseau et les terminaux mobiles, ce gain est obtenu en moins de deux mois.
Dès lors, à quoi bon maintenir en vie ces deux réseaux, alors que le niveau de couverture atteint aujourd’hui par la 4G, et bientôt par la 5G, est en passe de rattraper ceux de la 2G et de la 3G, et que le parc de terminaux compatibles avec les services 4G/5G est en croissance continue ?
Quel calendrier pour la fin des réseaux 2G et 3G en France ?
Plus de 30 ans après sa mise en service, la 2G est en train de vivre ces derniers mois. Quant à la 3G, elle en sursis pour quelques années supplémentaires. Mais elle sera aussi débranchée.
Orange sera le premier opérateur à désactiver son réseau 2G fin 2025. SFR et Bouygues Telecom le feront un an plus tard, tandis que Free Mobile n'a déjà plus de réseau 2G.
Concernant la 3G, Orange sera aussi le premier opérateur à ouvrir le bal de fermeture fin 2028. SFR a également choisi la même date, tandis que Bouygues Telecom a programmé la fin de la 3G un an plus tard. Au contraire de ses rivaux, Free Mobile n'a pas encore communiqué de date pour la fermeture de son réseau 3G.
Cette décision de débrancher la 2G et la 3G relève de la stratégie individuelle de chaque opérateur, l'Arcep, l'autorité de régulation des télécoms, se contentant de surveiller et d'examiner ces décisions pour s'assurer qu'elles sont bien conformes aux objectifs de régulation.
Chacun des quatre opérateurs de réseau, à savoir Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free a donc fixé son propre calendrier.
Le calendrier de la fin de la 2G et de la 3G en France | ||
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Fin de la 2G | Fin de la 3G | |
Orange | Fin 2025 | Fin 2028 |
SFR | Fin 2026 | Fin 2028 |
Bouygues Telecom | Fin 2026 | Fin 2029 |
Free Mobile | Déjà plus de 2G |
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Et dans les autres pays européens, comment ça se passe ?
Le continent européen est engagé depuis un moment dans la fermeture des réseaux 2G et 3G. L'Europe fait même figure de précurseur.
Le continent européen est engagé depuis un moment dans la fermeture des réseaux 2G et 3G. L'Europe fait même figure de précurseur.
Dans plusieurs pays, le chantier a d'ailleurs déjà commencé. Par exemple, en Allemagne, Grèce et Norvège, le réseau 3G a déjà été coupé. Quant au réseau 2G, il a été débranché en Suisse.
Après, il faut retenir la date du 31 janvier 2025. À cette date, la 3G sera fermée en Belgique, Danemark, Espagne, Pologne et en Suisse. Et la 2G sera coupée en Allemagne, Finlande, Grèce, Irlande, Italie, Norvège, Pays-Bas.
Ensuite, ce sera au tour de la Suède de fermer la 3G et la 2G fin 2026 et fin 2027. L'Espagne a quant à elle prévu de débrancher la 2G fin 2030.
Enfin quelques pays n'ont pas encore annoncé la totalité de leur planning. Il n'y a aucune date de fixée pour la fermeture de la 2G au Danemark et Portugal. Et il n'y a pas non plus de calendrier pour la fin de la 3G en Finlande, Irlande, Italie, Pays-Bas et Portugal.
En Europe, comme en France, les opérateurs sont libres de fermer la 2G et la 3G quand ils le souhaitent. D'ailleurs, contrairement à la France, certains pays ont même prévu de couper la 3G avant la 2G.
Reste qu'à la fin de l'année 2030, les réseaux 2G et 3G devraient avoir fermé presque presque partout en Europe.
Fin de la 2G et 3G : quels impacts pour les utilisateurs ?
Les services de données mobiles utilisés en 2G/3G sont devenus marginaux et ne représentent plus que moins de 4% du trafic total de données mobiles (Arcep septembre, 2023).
Néanmoins, la fin de la 2G et de la 3G ne sera pas sans conséquences. Pour les personnes encore équipées d'un téléphone mobile basique. Mais pas seulement. D'autres services connectés vont également être impactés par cette petite révolution sans l'univers de la téléphonie mobile.
Les implications pour les anciens téléphones...
C'est bien simple : Les téléphones qui dépendent uniquement de la 2G ou de la 3G deviendront inutilisables. Car, même si ils sont en état de marche, ils ne pourront plus capter un réseau qui aura disparu.
Selon ses détracteurs, cet arrêt forcé de la 2G et de la 3G va provoquer un "énorme gaspillage". En, effet, au minimum plusieurs centaines de milliers de téléphones vont devenir obsolètes à partir de 2025 et dans les années suivantes.
... et ceux qui les utilisent
Les utilisateurs équipés d'un "petit bigo" devront donc mettre au rebut leur téléphone et en acheter un nouveau, un smartphone, compatibles avec la 4G ou la 5G. C'est à ce prix qu'ils pourront continuer à bénéficier d'un service de téléphonie mobile sans interruption.
En effet, si vous utilisez toujours un téléphone 2G, il faudra le remplacer. Et pour préparer la fermeture de la 3G, il faudra vérifier que le terminal que vous utilisez supporte bien la 4G et la voix 4G (VoLTE). Si ce n'est pas le cas, vous devrez également changer d'équipement.
Migrer vers la 4G/5G
Les utilisateurs d’objets connectés et de cartes SIM M2M eux, devront sûrement mettre à jour leurs appareils et se procurer une nouvelle carte SIM pour se connecter aux réseaux 4G et 5G. Cela veut donc dire souscrire un forfait 4G ou 4G/5G.
Ce que les opérateurs proposent à leurs clients
La connectivité mobile demeure la préférée des Français. Selon l'Arcep, 61% des Français utilisent leur smartphone pour se connecter à Internet. Les opérateurs ont donc tout intérêt à accompagner leurs clients dans cette transition technologique.
C'est pourquoi les opérateurs communiquent déjà très largement sur le sujet sur leur site internet, pour sensibiliser leurs clients et les aider à anticiper ce changement.
En outre, les clients impactés seront informés très en amont pour leur laisser le temps nécessaire de changer leurs équipements, au moins pour les entreprises.
Les opérateurs ont également prévu d'aider les clients à se procurer de nouveaux appareils compatibles avec la 4G ou la 4G/5G, parfois même à un tarif préférentiel, et d'encourager les modes de consommation en recyclant les anciens mobiles et en mettant en avant des téléphones éco-conçus ou reconditionnés.
Campagne d'information et coups de pouce pour changer de mobile : voilà comment les opérateurs comptent aider leurs clients dans la fin de la 2G puis de la 3G.
Quelles conséquences pour les objets connectés et les utilisations professionnelles de ces réseaux ?
A l’instar du grand public, les clients professionnels devront migrer vers des offres et des objets connectés compatibles 4G/5G, NB-IoT ou LTE-M pour les objets connectés de type de IoT ou M2M.
Peut-être ne le savez-vous, mais de nombreuses entreprises utilisent encore la et la 3G pour certaines de leurs applications.
En effet, les système de navigation et d'urgence pour les véhicules utilisent encore parfois la 2G et la 3G et devront être modernisés. De la même manière, les dispositifs de communication dans les ascenseurs utilisant la 2G/3G pour alertes et suivi devront être adaptés. Et les systèmes de sécurité telles que les alarmes et les caméras de surveillance, actuellement reliés à la 2G/3G nécessiteront une mise à jour.