L’association de consommateurs avait souligné en septembre dernier les inégalités entre territoires en matière d’accès à Internet en très haut débit. Un constat qui s’appuyait avant tout sur les débits théoriques promis par les opérateurs, limite qu’elle souhaite dépasser avec ce nouvel observatoire basé sur les usages des consommateurs en conditions réelles. Objectif : éclairer le choix des consommateurs, mais aussi suivre l’évolution de la qualité des réseaux fixes, écrit l’association, qui craint en effet que la migration vers la fibre ne soit artificiellement encouragée par une dégradation de la qualité sur l’ADSL.
Ce travail s’appuie sur un panel représentatif d’utilisateurs, en fonction de leur lieu d’habitation (zone dense, intermédiaire ou rurale). Munis d’un logiciel élaboré par Directique, quelque 800 internautes ont ainsi permis à l’association de collecter plus de 4 millions de mesures de débit et d’usage en navigation et streaming entre le 26 janvier et le 15 mars 2018.
Inégalités en ADSL et en THD
UFC Que Choisir observe, sur la base de cette étude, « qu’en moyenne, le débit moyen tous opérateurs confondus, est d’autant plus élevé que la zone de vie est dense ». Un constat peu surprenant sur le cuivre, plus, au premier abord, sur le THD (où seul Orange et SFR ont fait l’objet de mesures en zone rurale). Si, côté usages, « le passage au très haut débit permet de fortement réduire les discriminations territoriales », il n’en va pas de même côté débit, note ainsi l'association. La moyenne du THD en zone dense s’affiche en effet à 172,3 Mb/s, contre 85,4 Mb/s en zone rurale.
Un écart qui peut toutefois s’expliquer par les performances moindres du réseau câblé de SFR par rapport au FttH, et surtout par la segmentation commerciale des offres des deux opérateurs. Les écarts de débit constatés chez Orange, notamment – 239 Mb/s en zone dense contre 110 Mb/s en zone rurale – suggèrent ainsi une pénétration plus importante de l’entrée de gamme THD de l’opérateur historique dans les campagnes où sa fibre est déployée.
L’écueil de la segmentation
Le facteur commercial complique donc sensiblement l’analyse de la qualité de service des connexions THD sur le versant débit, qui ne peut se réduire à une simple observation des vitesses délivrées. Un biais dont convient l’UFC Que Choisir, qui se propose d’analyser plus avant les caractéristiques des offres de ses panélistes.
Ce travail sera indispensable, d’autant que la segmentation des offres par le débit a actuellement le vent en poupe : appliquée de longue date par Orange, elle s’est accentuée dans les nouvelles offres SFR et est désormais appliquée aussi par Bouygues, sans parler des offres low-cost Sosh ou RED. Une donnée qui, en faisant entrer le facteur socio-économique dans l'équation, risque de limiter la pertinence de la comparaison zones denses / zones rurales sur le strict plan technologique.
Observatoire incomplet
Cette première livraison a valeur de pilote, rappelle du reste l’association de consommateurs, qui souligne « la puissance statistique limitée des indicateurs produits ». Pour améliorer son observatoire, « incomplet » en l’état, l’association lance ainsi un nouvel appel à contribution afin de résorber son « déficit » sur certains profils de testeurs.
Autant de limites qui font que ce travail, n’a pour l’heure « pas vocation d’effectuer un classement entre opérateurs ». Ce qui n’empêche pas l’UFC Que Choisir de distribuer au passage quelques mauvais points : elle souligne ainsi des performances souvent moins bonnes chez SFR, notamment sur le cuivre. Egalement pointées : de moindres qualités de service sur le streaming vidéo, encore une fois relevée sdu côté du carré rouge, mais aussi chez Free.
