Du rififi dans le Morvan ! Sermages, c'est un petit village d'à peine 300 âmes, perdue au fin fond du département de la Nièvre.
Cette commune fait parler aujourd'hui alors qu'elle est coupée du monde. Il faut dire que dans cette commune où on compte plus de vaches que d'habitants, personne ne s'attendait à alimenter la rubrique insolite dans l'actualités des télécoms.
Un village en zone blanche forcée !
Bien malgré eux, les habitants de cette commune se retrouvent aujourd'hui à répondre bien malgré eux aux questions des journalistes. Et pour cause : depuis un an, le 7 mars 2024 très exactement, ils se retrouvent isolés du monde, privés d'internet et de téléphonie mobile.
"D'une minute à l'autre, on a eu la coupure du réseau. Personne nous a prévenus, même pas les opérateurs. J'ai dû passer par plusieurs contacts pour savoir ce qu'il s'était passé", explique Dominique Sterieska, la maire de Sermages, sur le site de France 3 Bourgogne Franche-Comté, qui a rendu public la mésaventure des habitants de Sermages.
Mais pour quelle raison Sermages se retrouve sans couverture mobile, en zone blanche forcée ? La raison est simple : un opérateur a débranché une antenne de téléphonie mobile. Sans prévenir la maire du village.
Résultat : les habitants ne peuvent (presque) plus passer un appel, envoyer un SMS, encore se servir de l'Internet mobile.
"C'est très pénalisant : on a quand même un tissu économique qui est actif autour du monde agricole. Et aussi pour les jeunes, les personnes âgées qui ne peuvent pas appeler leur médecin ou prendre des nouvelles de leurs proches", raconte Dominique Sterieska, pour témoigner des difficultés rencontrés au quotidien par ses administrés. "Aujourd'hui, pour prendre une photo et l’envoyer, il faut aller dans le village voisin à 5 kilomètres", déplore-t-elle.
Couturière dans le village, Karen Chigot explique à quel point la situation est problématique : "Je ne reçois même plus les appels de mes clients. Quand ils viennent en boutique, je ne peux même pas leur montrer des modèles de tissus en ligne. J'essaye dans l’atelier de trouver un endroit où je peux capter un peu. Il m'arrive aussi de sortir en plein milieu de la route. Sinon j'attends de rentrer à la maison, de passer par le Wi-Fi et là je reçois tous les appels manqués".
Cette situation aussi inédite que forcée dure depuis un an. Et vous allez voir qu'elle pourrait bien se prolonger plus longtemps.
Une situation ubuesque !
Si les habitants de Sermages se retrouvent sans internet ni téléphonie mobile, c'est à cause d'un problème de convention avec Orange. En effet, si le village n'a plus de réseau mobile, c'est parce Orange et le propriétaire du terrain sur lequel est installé le pylône, dans la commune voisine de Saint-Léger-de-Fougeret, n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur le renouvellement de la convention. Bref, ils n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur le prix.
"Il a été arrêté car Orange ne s’est pas mis d’accord avec le bailleur, ils ont cherché un autre terrain pour l'installer ailleurs", constate Jean-Michel Dupuis, premier adjoint à la mairie de Saint-Léger-de-Fougeret. À l'en croire, l'opérateur n'aurait pas trouvé d'autre emplacement.
Et en attenant, le pylône en question va être démonté dans les prochains jours. Et la situation n'est pas prête de s'arranger. Car l'État évoque un potentiel chantier de remise en état du service d'ici... 2027.
"Il y a un mois, nous avons rencontré la sous-préfète, nous lui avons soumis plusieurs solutions mais aucune n'a été retenue par les opérateurs", se lamente la maire de Sermages. Sans nouvelle des opérateurs, elle sait seulement que des études radio doivent être menées le mois prochain. Dominique Sterieska ne désespère pas qu'un pylône soit installé sur sa commune. "Mais "entre les études, les travaux, il faut compter au moins deux ans".
Bref, les habitants de Sermanges sont dans une situation inextricable qui pourrait bien encore durer pendant deux ans. À moins que le soutien des hommes politiques du secteur, et le battage médiatique autour de cette incroyable histoire, finissent par convaincre le gouvernement d'intervenir pour mettre fin à ce rififi. Et permettent au petit village de Sermanges de retrouver sa quiétude. Mais avec une couverture mobile !
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