Flambée des prix sur le marché de l'or rouge
Longtemps perçu comme un simple matériau industriel, le cuivre est aujourd'hui au cœur des transitions énergétique et numérique. Indispensable aux moteurs électriques, aux panneaux photovoltaïques ou encore aux câbles des réseaux de communication, il s’est transformé en matière première stratégique.
Résultat : sur les marchés, son prix n'a de cesse d'augmenter. En l'espace d'un an, il a bondi de plus de 30%, attisant toutes les convoitises. Récemment, il a même atteint son plus haut niveau à 11645 dollars la tonne. Ce n'est donc pas pour rien qu'on l'appelle désormais l'or rouge.
Aujourd'hui, le cuivre est devenu une matière première plus rentable que jamais pour ceux qui cherchent à en tirer profit, légalement… ou pas.
Une recrudescence alarmante des vols de cuivre dans les télécoms
Conséquence directe de cette hausse des prix : les vols de cuivre repartent à la hausse. Car pour les malfaiteurs, le cuivre "vaut de l’or". Un câble de plusieurs centaines de mètres peut rapporter plusieurs milliers d'euros à la revente, surtout le marché parallèle.
Tous les jours donc, on exagère à peine, il y a au moins un titre de la presse quotidienne régionale qui fait état d'un vol. Le secteur ferroviaire, les lignes électriques, les chantiers, ou encore les installations industrielles... partout où il y a du cuivre, il y a un risque de vol.
Tous les ans depuis plusieurs années, plusieurs milliers d'actes de vandalisme liés au cuivre, et de plus ou moins grande ampleur, sont recensés en France. Provoquant des interruptions de trafic, des coupures d’électricité ou des dégâts matériels majeurs.
Parmi les secteurs les plus touchés, celui des télécoms. Les câbles qui composent le réseau cuivre, celui qui permet encore d'avoir Internet avec l'ADSL, sont nombreux et particulièrement vulnérables, car difficiles à sécuriser.
Et le moindre vol peut provoquer une panne à grande échelle, touchant simultanément des centaines voire des d'habitants, des entreprises et des services publics.
Les chiffres transmis par Orange, qui gère le réseau cuivre sont éloquents :
- 1300 vols sur le premier semestre 2024 contre 1500 sur toute l'année 2023, soit 1200 km de câbles volés
- Entre 2021 et 2023, les vols de câbles en cuivre ont été multipliés par 6,5
La fermeture du réseau cuivre : un chantier à haut risque
L'ironie est cruelle : alors que la France s'est engagée dans la fermeture du réseau cuivre et la fin de l'ADSL, celui-ci devient de plus en plus vulnérable. D'un côté, les interventions sur cette infrastructure en fin de vie sont moins nombreuses car très coûteuses. De l'autre, les voleurs savent que le temps presse pour en tirer profit.
Avec l'arrêt programmé de l'ADSL d'ici 2030, les années à venir pourraient donc connaître un pic de vols sans précédent.
Or, chaque vol provoque des centaines, voire des milliers de coupures simultanées. Et des milliers de personnes se retrouvent privées de téléphone ou d’accès à internet pendant plusieurs jours, parfois même plusieurs mois.
Et pas seulement les personnes qui sont encore dépendantes de l'ADSL. Même les abonnés à une offre fibre sont touchés. Car souvent les réseaux fibre FttH passent souvent par les mêmes gaines que le réseau cuivre. Et les malfaiteurs ne font pas la distinction entre les deux.
Si la fermeture du réseau cuivre est une étape indispensable pour la modernisation des réseaux télécoms en France, la flambée des prix du cuivre et la hausse des vols de cuivre compliquent la transition vers la fibre.
Les autorités et les opérateurs télécoms doivent intensifier les mesures de sécurité pour protéger les infrastructures restantes tout en accélérant le déploiement de la fibre. La prise en charge rapide des pannes et des réparations devient une priorité.
Mais tant qu'il y aura du cuivre dans les télécoms, il y aura des vols...
Maxime Blondet
Responsable éditorial DegroupTest