Elles font partie de notre quotidien et nous sont autant indispensables que ne peuvent l'être une machine à laver ou une télévision. Elles nous servent pour tout un tas de choses : se connecter à Internet, regarder la télévision, ou encore jouer...
Bref, en l'espace d'une vingtaine d'années, les box internet sont en quelque sorte devenues notre meilleure amie.
Mais demain, elles pourraient aussi devenir notre meilleur ennemi. Et tout ça à cause d'une nouvelle technologie liée au Wi-Fi.
Le Wi-Fi Sensing : Kezako ?
Le Wi-Fi Sensing, c'est une technologie qui transforme les ondes Wi-Fi en capteurs capables de détecter chaque mouvement dans un logement. Elle peut repérer votre présence, suivre tous vos gestes, savoir si vous êtes debout, assis, ou couché.
Et Comment ? Tout simplement grâce aux perturbations dans les ondes Wi-Fi quand on bouge. Notre corps agit comme un "obstacle" et perturbe le signal. Les variations de ce même signal peuvent ensuite être traduites par des algorithmes. Résultat : notre box devient un détecteur ultra-précis, sans avoir besoin de caméra ni de micro. Un espion en quelque sorte.
À quoi sert le Wi-Fi Sensing (en bien) ?
Avouons-le, la nouvelle technologie du Wi-Fi Sensing pourrait s'avérer très pratique pour :
- la détection d'intrusion et la sécurité domestique : un mouvement suspect déclenche une alerte, même sans caméra
- la surveillance des personnes âgées : chute, absence de mouvement anormalement longue, analyse de la respiration ou du sommeil
- l'automatisation intelligente : ajustement de l'éclairage ou du chauffage selon la présence présence d'une personne dans une pièce.
- le suivi biométrique : surveillance sans contact des signes vitaux
- le comptage de personnes dans les espaces publics, magasins, bureaux, etc.
- Le respect de la vie privée car le système ne capture pas d'image ou de son identifiable , il capte uniquement des "silhouettes" ou des perturbations
Bref, si elle est bien utilisée, cette nouvelle technologie pourrait représenter une avancée majeure vers la maison intelligente et la sécurité sans caméra. Entre autres bénéfices.
Mais comme presque toujours avec les nouvelles technologies, il y a un mais.
Et si cette technologie devenait le cauchemar de notre vie privée ?
Tout d'abord, et ça peut faire flipper certaines personnes, si notre box internet peut capter nos gestes, elle peut aussi savoir à quelle heure on rentre ou on se couche, identifier combien de personnes sont dans une maison, et à termes surveiller notre respiration et notre rythme cardiaque.
Bref, avec le Wi-Fi Sensing notre box internet pourrait en savoir beaucoup plus qu'on ne l'imagine sur notre vie privée... Nous espionner en somme. Et sans avoir recueilli notre avis ou notre consentement. Et sans caméra. Il suffit pour cela d'un simple mise à jour logicielle.
Dès lors, qui pourrait profiter de toutes ces données :
- des hackers pour analyser notre quotidien
- des entreprises pour nous envoyer des publicités ultraciblées, basées sur nos comportements à la maison
- des employeurs dans les bureaux
- des gouvernements dans les lieux publics
Est-ce que le Wi-Fi Sensing est légal ?
Si cette nouvelle technologie peut paraître séduisante, elle ne manque pas de poser de nombreuses questions éthiques. Elle pose aussi la question du consentement ou de l'usage détourné, de la même manière que les enceintes connectées qui sont susceptibles de pouvoir tout enregistrer.
Le problème, c'est que le Wi-Fi Sensing n'est pas clairement encadrée. Alors même que Le RGPD pourrait s'appliquer si des données personnelles sont collectées. Mais il n’y a pas encore de régulation précise.
Aujourd'hui, la technologie du Wi-Fi Sensing est en cours de développement. Peut-être même est-elle déjà utilisée.
À ce jour, il n'existe aucune annonce officielle ou documentation montrant que SFR, Bouygues Telecom ou Free ont intégré ou lancé des fonctionnalités de Wi-Fi Sensing dans leurs box internet destinées au grand public.
En revanche, Orange travaille sur le sujet depuis 2022. Mais il n'a pas encore intégré le Wi-Fi Sensing dans ses Livebox.
Maxime Blondet
Responsable éditorial DegroupTest