Le patron de SpaceX a encore parlé ! Fin septembre, lors du "All-In Summit", Elon Musk a présenté sa vision autour de Starlink, l’IA et d’autres thématiques comme les investissements dans la tech, l’évolution de la finance, ou les bouleversements géopolitiques.
Un point a particulièrement retenu l'attention des animateurs de la conférence (et la nôtre) : les smartphones connectés directement aux satellites. L'objectif de l'Américain est clair : il veut mettre fin aux zones blanches et "permettre aux utilisateurs de visionner des vidéos sur leur smartphone où qu'ils soient dans le monde". Et il se donne deux ans pour y parvenir.
Comment compte-t-il faire pour y arriver ? Passer par la technologie Direct-to-Device (ou Direct-to-Cell).
Rappel : qu’est-ce que le Direct-to-Device ?
La technologie Direct-to-Device (D2D), aussi appelée Direct-to-Cell, inaugure une ère où les smartphones accèdent directement aux satellites, sans modification matérielle ni ajout d’application. Ces satellites jouent le rôle d’antennes cellulaires spatiales et permettent une intégration au réseau mobile via le roaming classique, facilitant la connectivité dans les zones isolées et hors des périmètres terrestres classiques.
En 2025, Starlink compte accélérer le déploiement mondial et ambitionne de rendre les échanges voix, SMS et data accessibles sous réserve d’une visibilité au ciel.
Elon Musk: In ~2 years, your phone will connect directly to Starlink satellites.
“You’ll be able to watch videos anywhere on your phone.”
No regional carriers. No dead zones. pic.twitter.com/6fGtHyBSgs— Tesla Owners Silicon Valley (@teslaownersSV) October 21, 2025
Roaming et forfaits nationaux : une mutation engagée ?
L’essor du Direct-to-Device suscite des interrogations sur l’avenir des forfaits nationaux soumis à des restrictions géographiques. Une connexion directe à la constellation Starlink offrirait, en théorie, une couverture internationale continue, sans interruption ni surcoût pendant les déplacements hors frontières.
À ce stade, cependant, le marché reste structuré autour de partenariats avec les opérateurs locaux, à l’instar de T-Mobile aux États-Unis. De plus, l’approbation des autorités de régulation s’impose, rendant hypothétique la disparition immédiate des modèles nationaux.
Des limites techniques face à la 5G
Face à la 5G terrestre, les performances du D2D restent en retrait. Les débits observés plafonnent entre 17 et 20 Mb/s en conditions optimales, loin des capacités de la 5G que l'on connait, qui peuvent atteindre 2 Gb/s. Le spectre exploité demeure limité, la latence supérieure et la capacité de desserte dans des contextes à forte densité, comme les grands rassemblements, nettement inférieure à celle des réseaux terrestres.
À ce jour, cette technologie déjà mise en place dans certains terminaux s’adresse principalement aux zones rurales, maritimes, ou aux situations d’urgence, là où la connectivité classique s’avère insuffisante.
Des perspectives majeures, des obstacles persistants
Le marché du Direct-to-Device pourrait tout changer dans les prochaines années. Toutefois, plusieurs barrières demeurent :
- Régulation : chaque pays doit valider l’utilisation des fréquences via des négociations avec les opérateurs existants pour prévenir les interférences.
- Modèle commercial : la continuité mondiale dépend des accords locaux et du support technique des opérateurs nationaux.
- Limites techniques : la densité de capacité, le coût des services et la couverture à l’intérieur des bâtiments requièrent encore des évolutions substantielles pour rivaliser avec les forfaits illimités des opérateurs traditionnels.
Starlink Direct-to-Device ouvre la voie à une connectivité globale pour tous les smartphones, mais la transition vers un modèle généralisé demeure conditionnée par des défis à la fois techniques et réglementaires.
Tiffany Gaspard
Ancienne responsable éditoriale DegroupTest