Orange franchit une nouvelle étape stratégique dans la sécurisation de ses infrastructures numériques maritimes : par le biais de sa filiale Orange Marine, l'opérateur lance la construction de deux navires câbliers de dernière génération, annoncés comme les plus modernes au monde pour la maintenance des câbles sous-marins.
Cette modernisation vise à renforcer la résilience des réseaux en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient, tout en réduisant l'empreinte carbone. Un pari technique, stratégique et environnemental majeur.
Une modernisation ambitieuse pour plus de résilience
Le 3 novembre 2025, Orange Marine a officialisé le lancement de la construction de deux nouveaux navires câbliers, destinés à renforcer son armada en mer.
Avec ces unités, Orange portera sa flotte de maintenance à quatre navires capables d'intervenir dans des zones stratégiques : l'Atlantique, la Manche, la mer du Nord, l'océan Indien, la Méditerranée ou encore la mer Rouge.
Ces deux bâtiments seront des sister ships du "Sophie Germain", navire câblier déjà en service depuis 2023. Ils remplaceront deux navires historiques : le Léon Thévenin (mis en service en 1983, basé en Afrique du Sud) et l'Antonio Meucci (1987, basé en Italie).
Si la mission principale de ces deux bâtiments sera la maintenance, ils disposent également d'une capacité de pose de liaisons longues, jusqu'à 1 000 km selon le communiqué d'Orange.
Ce renouvellement n’est pas anecdotique : il marque une volonté d'Orange Marine d'accroître sa réactivité sur les incidents sous-marins, de sécuriser davantage ses infrastructures critiques et de maintenir un maillage fiable et stratégique dans des zones géopolitiques clés.
Technologies de pointe et engagement environnemental
Au-delà du dimensionnement de la flotte, ce sont les innovations embarquées qui font toute la différence. Orange Marine met en avant des navires plus écologiques et performants : leur conception vise à réduire les émissions de CO₂ de 20 % par rapport aux unités précédentes.
Parmi les leviers :
- Une carène profilée, optimisée pour les opérations de réparation, qui permettrait une baisse de consommation d'environ 25 %.
- Une propulsion hybride : moteur diesel couplé à des batteries électriques, réduisant l'usage des combustibles fossiles.
- Des propulseurs Azipods pour une maniabilité accrue lors des manœuvres en mer.
- La possibilité de brancher les navires sur le réseau électrique à quai, limitant ainsi la pollution lorsque les navires sont à terre.
- Un robot sous-marin filoguidé, conçu par Orange Marine, embarqué à bord : il permet de couper, inspecter et enfouir les câbles, apportant de la précision et une capacité d'intervention renforcée.
Ces innovations techniques traduisent un double enjeu : optimiser les coûts opérationnels (carburant, maintenance) tout en réduisant l'impact environnemental.
Stratégie, souveraineté et enjeux géopolitiques
Au-delà de l'aspect purement technique, la modernisation de la flotte d'Orange Marine est un levier stratégique. En consolidant sa capacité à intervenir rapidement et efficacement, Orange renforce la résilience de ses liaisons internationales, notamment entre l'Europe, l'Afrique et le Moyen-Orient, alors qu'Orange exploite déjà plus de 450000 km de câbles sous-marins connectant tous les continents.
De plus, la durée de vie prévue de ces navires, et leur modernité, permet à Orange de sécuriser sa présence sur le marché des câbles sous-marins à long terme.
A ce propos, Didier Dillard, président d'Orange Marine, rappelle que "le vieillissement de la flotte câblière est une préoccupation majeure".
Et d'expliquer : "Le renouvellement répond directement à cette problématique tout en alignant la flotte sur des standards environnementaux exigeants. Dans un contexte où les infrastructures numériques sont de plus en plus stratégiques, cette flotte modernisée constitue un pilier pour la souveraineté numérique d'Orange. Elle contribue à assurer que les données transitant via les câbles sous-marins restent soutenues par une capacité de maintenance intégrée et performante".
Maxime Blondet
Responsable éditorial DegroupTest