5G en 26 GHz : l'exploration en terre inconnue commence

Par Yann Daoulas modifié le 09/09/2020 à 14h39

Les 11 premiers projets d'expérimentation 5G dans la bande de fréquence des 26 GHz ont été présentés hier. Objectif : apprivoiser une partie inexplorée du spectre et identifier de nouveaux usages.

5G-en-France

Un débit démultiplié, une latence extrêmement faible, une couverture "intelligente"... Telles sont les promesses de la bande pionnière de la 5G, le 26 GHz. Mais en pratique, cette portion du spectre radioélectrique n'a jamais été utilisée par les réseaux mobiles.

Expérimenter ses potentialités coûte cher, et nécessite des compétences techniques que tous les acteurs intéressés n'ont pas. C'est pourquoi les pouvoirs publics ont battu le rappel en janvier dernier. Le gouvernement et l'Arcep avaient alors lancé un appel à projets portant sur la création de plateformes d'expérimentation 5G sur la bande 26 GHz. L'idée étant de les ouvrir à tous - industriels, start-ups, collectivités - pour leur permettre d'explorer cette "terre inconnue".

Expérimentations 5G : 11 projets retenus

Le régulateur des télécoms a ainsi dévoilé hier les 11 premiers projets retenus pour expérimenter la 5G en 26 GHz. Villes intelligentes, B2B, logistique mais aussi usages grand public sont envisagés. Citons par exemple le projet de Bordeaux métropole (avec Bouygues Telecom), qui s'intéresse au potentiel de "connectivité ultra haut débit dans des espaces de forte densité". Ou encore des initiatives d'Orange et Bouygues respectivement dans les gare de Rennes et Lyon Part-Dieu, afin d'expérimenter des services innovants pour les millions de passagers qui y transitent chaque année.

Soulignons aussi l'approche intéressante menée par Paris La Défense. L'Etablissement public d'aménagement souhaite y expérimenter pour la 5G un modèle déjà éprouvé sur l'Internet fixe et certaines infrastructures 4G : "un schéma d’opérateur neutre, installant des antennes dans les bâtiments ou mobiliers urbains et commercialisant un accès clé en main aux opérateurs qui viendraient y apporter leur réseau".

Voici la liste des 11 projets retenus :

  • Universcience, à la Cité des Sciences et de l’Industrie (75)
  • Saint-Quentin-en-Yvelines, au Vélodrome National (78)
  • Bordeaux Métropole (33)
  • Le Grand Port maritime du Havre (76)
  • Campus Nokia de Paris-Saclay (91)
  • L’Établissement Public d’Aménagement Paris La Défense (92)
  • Bouygues Telecom, pour la gare de Lyon Part-Dieu, en lien avec SNCF (69)
  • Bouygues Telecom, pour une zone industrielle de la ville de Saint-Priest (69)
  • Bouygues Telecom, pour les villes de Vélizy (78) et de Meudon (92)
  • Orange, pour la gare de Rennes, en collaboration avec SNCF et Nokia (35)
  • Orange, pour le site de co-innovation 5G Lab, à Châtillon (92)

Bande 26 GHz : attribution en 2020 ?

Les premiers lauréats de ces appels à projet vont donc se voir délivrer par l'Arcep des autorisations d'utilisation des fréquences 26 Ghz. La largeur de bande allouée va de 400 MHz jusqu'à 1 GHz, et 9 des plateformes sélectionnées peuvent d'ores et déjà en profiter. Les acteurs sélectionnés devront avoir mis sur pied un réseau 5G expérimental opérationnel "d'ici le 1er janvier 2021 au plus tard" et l'ouvrir aux expérimentations d'acteurs tiers.

Sachant que dans le même temps doit théoriquement se dérouler un premier round d'attribution de fréquences, distinct de celui en préparation sur la bande des 3,5 GHz. Le code européen des télécoms demande en effet à ce qu'un minimum de 1 GHz soit attribué dans la bande des 26,5 - 27, GHz au plus tard au 21 décembre 2020.

« Il faudra avoir des discussions pour savoir si ce qu'on fait est considéré par la commission comme une attribution ou si la commission européenne veut tout de suite une attribution », a précisé à ce sujet Sébastien Soriano, président de l'Arcep, cité par Next Inpact. Si Bruxelles ne se satisfaisait pas de cette phase expérimentale, une procédure en bonne et due forme devra donc intervenir d'ici un an pour attribuer cette portion du spectre.

Les différentes fréquences de la 5G : Arcep

Source : Arcep

Faire mûrir la 5G en 26 Ghz

Reste à savoir si le marché sera "mûr". Et sur ce point, certains opérateurs restent prudents. "Le manque de maturité des conditions techniques d’utilisation et du marché lui-même à 26 GHz devrait pouvoir être mis à profit pour privilégier en premier lieu un cadre expérimental d’utilisation de cette bande", écrit ainsi Orange dans sa réponse à la consultation de l'Arcep du 26 octobre 2018. De son côté, Bouygues Telecom se montrait également réservé vis-à-vis d'une bande qui "manque un peu de maturité" et "d'un intérêt limité à court terme".

Reste que les futures attributions de la bande 26 GHz ne seront peut-être pas réservées aux les opérateurs télécoms. "Nous avons cette volonté sur la bande de fréquence des 26 GHz de potentiellement ouvrir un peu plus nos chakras", a ainsi précisé le patron de l'Autorité. Les verticaux seraient donc invités à entrer dans la danse pour s'emparer de ces fréquences de courte portée, et donc plus adaptées à un "partage géographique un peu fin" qu'à de grandes attributions nationales, analysait hier Sébastien Soriano. Un format qui conviendrait aux industriels, mais aussi aux collectivités désirant piloter elle-mêmes leurs villes intelligentes - certaines sont déjà dans les starting-blocks...

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