Le 100% fibre en 2025, Orange n'y croit pas et il n'est pas le seul !

Par Maxime Blondet publié le 19/10/2023 à 18h07

Une déclaration qui va à l'encontre de l'objectif du gouvernement et de l'Arcep, prêts à prendre des sanctions.

Le 100% fibre en 2025, Orange n'y croit pas et il n'est pas le seul !

Fut un temps où on pensait que l'ambition du gouvernement de la fibre pour tous en 2025 serait atteint. Tous les trimestres, les opérateurs raccordaient à la fibre des centaines de milliers de nouveaux que ce soit dans les grandes villes et les grandes agglomérations, les villes de taille moyenne ou les petites communes et les zones rurales. La France est le pays européen où le déploiement de la fibre est le plus avancé, l'objectif est à portée de bras... et puis patatras.

La fibre pour tous est un "rêve" pour le patron d'Orange

Depuis quelques mois, il y a déjà de l'eau dans le gaz entre le gouvernement et l'Arcep d'un côté et Orange de l'autre. Alors autant dire que cette déclaration du patron d'Orange ne va pas arranger la situation. En effet, la semaine dernière, lors d'un colloque, le patron d'Orange a tout bonnement déclaré que l'objectif du 100% fibre en France en 2025 est une chimère. "Quand j'ai pris mes fonctions, ce fameux 100% fibre, cela m'a surpris, a-t-il lancé. Je pense que c'est un rêve", a notamment déclaré Jean-François Fallacher, le nouveau patron d'Orange depuis le mois d'avril, comme rapporté par La Tribune.

En France, 86% des foyers sont éligibles à la fibre optique, un chiffre "phénoménal", mais qui signe "la fin de ce projet", selon Jean-François Fallacher. Selon lui, en effet, certaines zones sont trop compliquées, donc trop coûteuses à raccorder. Et l'investissement n'en vaut pas la chandelle.

Les branchements restants sont en effet les plus compliqués et il y en a plus de 2 millions sur les 43 millions de locaux à raccorder à la fibre. Et selon Infranum, apporter la fibre aux deux millions de foyers restants nécessiterait un investissement de trois milliards d'euros, loin, très loin, des quelques dizaines de millions accordés en plus par l'Etat pour terminer le déploiement de la fibre.

Et il n'est pas le seul à le penser

Cette déclaration fracassante du patron d'Orange fait suite à la saillie de l'Avicca (l'association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel), quelques semaines plus tôt : "les statistiques de l'Arcep pour le deuxième trimestre confirment l'échec annoncé du 100% FttH en 2025". Comme nous le disions dans un article du 12 septembre, l'association pointe du doigt les quatre grands opérateurs qui déploient la fibre, à commencer par Orange.

Déploiement de la fibre : Où est le problème ?

Comme nous le disions dans un article également publié le 12 septembre, le déploiement de la fibre ralentit depuis six mois. Dans les zones très denses, à savoir les 106 plus grandes villes, 92% des foyers sont couverts, mais le déploiement de la fibre est quasiment à l'arrêt. Même constat dans les zones moins denses d'initiative privée (3600 communes situées en dehors des grandes agglomérations). Enfin, dans les petites communes et les zones rurales, le déploiement de la fibre progresse encore à un rythme convenable mais plafonne à 74%.

Alors pour contraindre les opérateurs à reprendre leur marche en avant, le gouvernement est prêt à faire un geste et à accorder aux opérateurs une rallonge. Mais il veut des garanties. Seulement, les opérateurs, et Orange en particulier, ne tiennent pas leurs engagements. Résultat : il envisage des amendes qui pourraient s'élever à 3% du chiffre d'affaires annuel de l'opérateur.

Dès lors, dans ce contexte extrêmement tendu, on comprend mieux les dernières déclarations du patron d'Orange. Des déclarations qui n'ont pas l'air d'effrayer Laure de la Raudière, la présidente de l'Arcep, le régulateur des télécoms. Elle rappelle que le 100% fibre est un "objectif politique" et que "l'objectif du régulateur est de répondre à cet objectif politique". Quitte à en passer par des sanctions financières.

Bref, le torchon brûle entre Orange et l'Etat. De son côté, l'Avicca, par la voix de son président, le sénateur Patrick Chaize, calme le jeu et appelle à "ne laisser personne au bord du chemin". 

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