Le déploiement de la fibre accélère, mais patine dans les grandes villes

Par Yann Daoulas modifié le 07/12/2020 à 21h03

Le rythme de déploiement de la fibre optique n'a pas faibli au 3e trimestre, également marqué par un nombre record de nouveaux abonnements.

Déploiement de la fibre optique dans la rue

Le déploiement de la fibre ne connaît pas la crise. En tout cas bien moins que le secteur ne le craignait à l'issue du premier confinement. Cet été, la filière est ainsi parvenue à signer son 2e meilleur trimestre, selon le dernier observatoire de l'Arcep. Deuxième bonne nouvelle : dans le même temps, les abonnements fibre se sont vendus comme des petits pains : près d'un million entre juillet et septembre 2020, un niveau historique. Une ombre au tableau tout de même : des zones très denses qui avancent toujours au ralenti.

Ruée sur la fibre

C'était un effet attendu de la première période de confinement : les Français sevrés de Très Haut Débit ont massivement jeté leur dévolu sur la fibre optique au 3e trimestre 2020. La période a vue le parc d'abonnés fibre s'accroître de 944 000 clients, contre un rythme trimestriel de 600 à 700 000 jusqu'ici.

Le pays compte désormais 9,25 millions d'abonnements Internet en fibre, ce qui représente les deux tiers des accès à Très Haut Débit (plus de 30 Mb/s). Rapportée au nombre total d'accès à Internet, la photographie à la fin de l'été était donc la suivante : près d'un abonnement Internet sur deux à Très Haut Débit, et près d'un sur trois en fibre.

Le déploiement sur sa lancée

Favorisé par la crise sanitaire, cet engouement pour la fibre est aussi tributaire de la dynamique de déploiement. Après avoir déjoué les pronostics au printemps, cette dernière ne s'est pas démentie cet été. La filière a ainsi rendu raccordables 1,44 million de locaux durant la période, soit le 2e meilleur trimestre jamais enregistré, après le record établi un an plus tôt (1,64 million).

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Source : Arcep, Observatoire THD T3 2020

De quoi dépasser allègrement les 5 millions de nouvelles lignes fibre cette année, à la faveur d'un 4e trimestre "au cours duquel la production de nouvelles lignes FttH est habituellement très élevée", rappelle l'Arcep.

Deux zones, deux ambiances

Des chiffres encourageants qui ne doivent pas faire oublier certaines réalités du déploiement. Notamment le fait que les records de vitesse actuels s'établissent - en partie - sur des zones d'habitat concentré. A commencer par les zones AMII (villes moyennes et secteurs périurbains), où ont été déployées près des deux tiers des nouvelles lignes fibre au 3e trimestre.

En pleine expansion, les réseaux d'initiative publique parviennent eux aussi à sortir encore une fois plus de 400 000 lignes sur la période. Une contribution qui ne fera que grossir lors des prochaines années, dans une zone où 12 millions de locaux restent à couvrir, deux fois plus qu'en zone AMII. Mais pour l'habitat isolé, le plus dur restera à faire - et à financer - d'ici à 2025, ont rappelé il y a quelques jours les différents acteurs du THD.

A cet égard, le sort de certaines métropoles n'est pas forcément de bon augure. Le gendarme des télécoms s'émeut ainsi de la quasi stagnation du déploiement dans les grandes villes, où les opérateurs déploient sur fonds propres. "Un rythme insuffisant s’est installé depuis de nombreux trimestres", prévient-il, à raison de 100 000 lignes supplémentaires tous les trois mois, presque toutes déployées par Orange. Dans certaines métropoles, l'Arcep ne recense parfois que 50 à 70% de locaux raccordables, à l'instar de Lille, Nantes ou Marseille.

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Source : Arcep

Au total, 1 million de locaux restent en souffrance de fibre dans les principales villes du pays, de nombreuses années après le début du déploiement, et alors que la question de l'extinction du cuivre se précise.

Coïncidence (ou pas) : en parallèle de cette piqûre de rappel pour les zones très denses, l'Arcep vient d'attribuer pour la première fois le statut de zone fibrée. Deux secteurs relevant de l'initiative publique sont concernés :

  • Dans la Loire, sur le RIP THD 42 : 8 000 locaux sur 23 communes des CC Pays d'Urfé ainsi que Vals d'Aix et Isable
  • Dans l'Aisne, sur le RIP Aisne THD : 7 000 locaux sur 51 communes

Peuvent prétendre à ce statut, rappelle l'Autorité, des "territoires où le réseau à très haut débit en fibre optique est entièrement déployé et opérationnel, et présente donc des conditions favorables à une migration de masse du réseau cuivre vers la fibre".  Une perspective qui n'en finit pas de s'éloigner dans certaines zones très denses, pourtant entamées il y a des années. Premières servies sur la fibre, les grandes villes seront-elles aussi les dernières où s'éteindra cuivre ?

 

 

 

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