Très haut débit pour tous : le gouvernement défend son action

Par Yann Daoulas modifié le 10/09/2020 à 15h45

Lors d'un point d'étape sur le numérique dans le Gers, l'exécutif a fait le point sur les différentes actions qui permettront d'accélérer la couverture du territoire en très haut débit fixe et mobile.

Tres haute débit - point du gouvernement mars 2019

Venu en force faire le point sur la couverture numérique dans le Gers, le gouvernement a pu surfer sur une bonne dynamique : celle du déploiement de la fibre, qui accélère de trimestre en trimestre. Avec 3,2 millions de locaux supplémentaires raccordés en 2018 et surtout 1 million sur le seul 4e trimestre, une part de l'objectif du plan France THD commence à prendre forme : celui consistant à raccorder 80% des foyers français en fibre optique d'ici à 2022.

FttH : 4 millions de lignes par an

Pour y parvenir, la cadence moyenne de 4 millions de lignes raccordables supplémentaires chaque année semble à présent accessible, du moins sur le papier. La montée en régime doit même être plus rapide, puisque, dans les zones AMII, où SFR et Orange déploient sur fonds propres, près de 12 millions de nouveaux raccordements doivent être effectués sous deux ans. Ce qui suppose une forte accélération de leur part lors des prochains trimestres, comme le rappelle régulièrement l'Arcep. Car faute de tenir ses objectifs, les deux opérateurs s'exposent à des pénalités financières, conformément aux engagements pris devant le gouvernement.

déploiement de la fibre : prévisions mars 2019

Pour améliorer la transparence des déploiements, l'Arcep a par ailleurs activé un nouvel outil sur sa carte fibre, permettant de visualiser un peu mieux l'avancement des chantiers.

Parallèlement, l'arrivée de la fibre en zone rurale devrait connaître lui aussi une forte accélération : de deux millions de locaux raccordés à fin 2018, on approchera la dizaine de millions à fin 2022. La montée en puissance est déjà enclenché, avec 750 000 lignes produites en 2018 et probablement une très forte progression cette année. Là aussi, le gouvernement a tenu à rappeler son engagement auprès des territoires, en signant de nouvelles décisions de financement de ces RIP sur des fonds déjà fléchés vers 8 projets départementaux, à hauteur de 243 millions d'euros.

1,5 millions de lignes AMEL

Toujours rien en revanche, pour compléter la couverture des départements ayant prévu des déploiements fibre en plusieurs phase. Peu enclin à délier à nouveaux les cordons de sa bourse, le gouvernement avait, il y a un an à Cahors, invité les collectivités à se tourner vers le privé pour  fibrer les zones restant à équiper.

L'exécutif espérait se décharger grâce à ces appels à manifestations d'engagement locaux (AMEL) d'un financement partiel de 3 millions de lignes, il en aura finalement obtenu "un peu plus de 1,5 million", dans une vingtaine de départements, recensés dans une carte par l'Agence du Numérique (ci-dessous). L'Arcep s'est d'ailleurs synchronisée sur le tempo gouvernemental pour officialiser son premier avis positif sur un projet de déploiement en AMEL, proposé par Altitude Infrastructure au département de la Côte-d'Or.

AMEL : recensement en mars 2019

Outre les polémiques enclenchées par la rétrocession au privé de portions de zones d'initiative publique, l'arithmétique de ces AMEL ne suffira donc pas à répondre aux besoins des territoires ruraux absents des réseaux publics de phase 1. Dans son dernier bilan des RIP, le Cerema estimait ainsi à 4 millions le nombre de foyers à raccorder "pour une France 100% FttH". A supposer que cette ambition soit en effet celle nourrie par les pouvoirs publics, qui soufflent depuis des mois le chaud et le froid sur cette perspective, préférant s'en tenir au cap du 100% THD à fin 2022.

Top chrono pour le bon haut débit

De ce jalon, il n'est d'ailleurs pas beaucoup question dans la communication gouvernementale du jour. Lui est préféré celui ajouté par le Président de la République peu après son élection : le bon haut débit pour tous, c'est-à-dire 8 Mb/s minimum, d'ici à fin 2020. Pour les 6% de locaux qui n'en bénéficieront pas par voie filaire (fibre, cuivre ou câble) à cette échéance, restent les solutions hertziennes (satellite, THD Radio, WiMax...), comme le rappelait InfraNum dans son dernier Observatoire du THD.

Bon haut débit 2020

Des technologies supposant l'installation d'équipements supplémentaires, que l'exécutif se propose d'aider les utilisateurs à acquérir via une aide de 150 euros maximum. Une enveloppe de 100 millions d'euros a été dégagée à cette fin, dans le cadre du guichet de Cohésion numérique, officiellement lancé aujourd'hui. Pourront prétendre à ce coup de pouce, dans un premier temps, les clients souscrivant à un abonnement chez Alsatis, Europasat, Nordnet, Ozone, WeAccess et Xilan, sous condition d'éligibilité. Ils seront rejoints "dans les semaines à venir" par les FAI proposant une offre de 4G fixe via le réseau mobile, "notamment grâce à l'identification de 1 000 sites 4G spécifiquement localisés dans des zones sans bon haut débit filaire", précise le dossier de presse du gouvernement.

Ces offres doivent permettre à quelque 2,2 millions de foyers et entreprises d'améliorer leur débit, mais le réseau sera-t-il prêt à temps ? Côté 4G fixe, Orange et SFR ont en effet moins de deux ans pour identifier les zones à équiper prioritairement de 500 nouveaux sites 4G chacun pour y distribuer leur offre alternative. Quant au THD Radio, les industriels proposant la solution se sont ému récemment du peu de temps qu'il restait pour permettre aux collectivités de monter un dossier de demande de fréquences dédiées auprès de l'Arcep. Pour n'oublier personne d'ici à 2020, la course contre la montre est lancée...

 

 

 

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