Laure de la Raudière pour la présidence de l'Arcep : une surprise et une évidence

Par Yann Daoulas modifié le 06/01/2021 à 18h27

L'Elysée a proposé la députée Laure de la Raudière pour prendre la présidence de l'Arcep. Une décision saluée par le secteur des télécoms.

Laure de la Raudière, de l'Assemblée nationale à l'Arcep

Un choix inhabituellement politique, mais qui fait malgré tout l'unanimité. C'est la députée Laure de la Raudière qui succédera vraisemblablement à Sébastien Soriano à la présidence de l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse. Une proposition officialisée hier soir par l'Elysée, et qui doit encore recevoir l'aval des deux chambres parlementaires. Mais il est peu probable que députés et sénateurs y trouvent à redire, tant l'élue de l'Eure-et-Loir s'est imposée en spécialiste des sujets télécoms et numériques dans l'Hémicycle ces dix dernières années.

L'unanimité... ou presque

L'arrivée annoncée de Laure de la Raudière à la tête de l'Arcep est en tout cas déjà saluée par l'ensemble de l'écosystème des télécoms. Un secteur où la députée a débuté sa carrière professionnelle, avant de faire du sujet l'un de ses chevaux de bataille politique. Sous la bannière de l'UMP, des Républicains, puis d'Agir, parti issu de la dissidence "constructive" d'une frange de la droite parlementaire après le raz-de-marée LREM en 2017. Malgré son profil atypiquement politique pour un poste habituellement occupé par des hauts fonctionnaires, le choix élyséen sonne ainsi comme une évidence pour de nombreux observateurs. Seule voix dissonante pour l'instant : celle de Xavier Niel. Les années France Télécom de l'intéressée ne plaisent pas au patron de Free, qui nourrirait par ailleurs à son endroit quelque ressentiment.

Impatience numérique

Un historique somme toute un peu léger pour disqualifier la proposition présidentielle, au regard de l'expertise de la nominée. Son appartenance politique, et notamment sa proximité avec le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, pourraient à la rigueur paraître plus problématique, à la tête d'une autorité chargée d'agir "en toute indépendance par rapport au pouvoir politique". À relativiser néanmoins par l'expérience locale que lui confère aussi son statut d'élue, aux premières loges, comme nombre de ses pairs, de l'impatience numérique de ses administrés.

On peut ainsi s'attendre à ce que la - probable - future présidente de l'Autorité garde un œil très attentif sur un sujet régulièrement mis sur la table à l'Assemblée et au Sénat : l'insatisfaction liée à la couverture mobile. Le déploiement de la 5G sera bien sûr lui aussi tout en haut de la pile/ A cet égard, on notera avec intérêt le relatif scepticisme exprimé dans le rapport sur la couverture numérique du territoire, co-écrit avec le député Eric Bothorel (LREM), et publié il y a tout juste un an. Craignant que les opérateurs ne soient pas au rendez-vous dans les territoire, les deux parlementaires appelaient déjà à "définir les modalités d’intervention des collectivités dans le financement du déploiement des sites 5G en cas de carence de l’initiative privée"...

Pour le 100% fibre

La députée milite aussi de longue date pour du 100% fibre à court terme. Quand le gouvernement entretenait le flou sur cet objectif, le même rapport appelait ainsi à "clarifier le message porté sur la généralisation de la fibre FttH en 2025" et de renforcer le soutien financier de l'Etat aux collectivités pour achever leurs plans de déploiement. Ce que l'exécutif ne s'est finalement résolu à faire que très récemment. On pouvait également y lire les préoccupations des deux parlementaires s'agissant de la complétude des déploiements FttH, un sujet crucial dans la perspective de l'extinction du cuivre prévue d'ici dix ans. Ou encore celles liées à la qualité du raccordement final, épineux sujet sur lequel l'Arcep entend passer à la vitesse supérieure

Marché entreprises : "une priorité des pouvoirs publics"

Enfin, Laure de la Raudière sera également très attendue sur la question de l'ouverture du marché des télécoms d'entreprise, qui se fait toujours désirer. Sa régulation doit devenir "une priorité des pouvoirs publics" écrivait-elle il y a un an avec Eric Bothorel. Et l'Arcep y était notamment appelée à "faire de la dynamisation du marché de gros l’un des axes centraux de son action de régulation du marché entreprises". A l'heure où le tout nouveau cycle de régulation laisse les opérateurs alternatifs sur leur faim, il sera intéressant de voir quelle impulsion la nouvelle présidente de l'Autorité donnera à ce dossier, qui constitue toujours un frein à la transformation numérique des entreprises.

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